La ptite ecole du FLE

De la grammaire?

La question de la grammaire aux enfants est souvent problématique. Inductive ? A éviter totalement ? Explicite ?

Je n’ai pas la réponse à ces questions que ce soit dit! Ceci dit j’ai forcément eu à faire des choix dans mes classes au fur et à mesure des difficultés de mes élèves  et voilà quelques unes de ces réflexions personnelles.

Des enfants non-francophones qui baignent quotidiennement dans le français peuvent peut-être/certainement se passer de grammaire et acquérir intuitivement la langue et ses règles. Ce serait le cas d’enfants étrangers vivants en France ou scolarisés dans des établissements français.

Mais des enfants qui ont des cours de français (même beaucoup) dans un contexte linguistique non français (dans mon cas, une école turque) ne sont pas “immergés” dans le français. Tous les amis parlent turc. Toute l’institution parle turque. Il n’y a souvent qu’avec les profs de français qu’ils parlent français (pas de francophone dans l’entourage familial). Ils n’ont pas la nécessité urgente et impérieuse d’apprendre le français pour “survivre” dans l’institution ni hors de l’institution. Pour ces enfants, il n’y a que peu d’acquisition intuitive et ce d’autant plus qu’ils sont en primaire et non plus en maternelle où le cerveau est (paraît-il) davantage capable d’assimiler naturellement les langues étrangères.

Il y a un souvent dans les établissements où j’ai travaillé un mythe. Celui que nos élèves vont trouver les clés tout seuls à force de leur parler en français, de les corriger, de leur faire répéter.

Il y a aussi une constatation d’échec. Les enfants connaissent des mots, plein, mais seuls les très bons élèves trouvent ces fameuses clés tout seuls. Les autres tâtonnent à l’aveugle dans une bouillasse de français.

Je pense qu’il est de notre devoir de leur donner les outils pour rendre tout ce magma intelligible. Ce qui implique de “faire de la grammaire”. Ce qui bouscule le mythe. Ce qui est “mal” selon une certaine idéologie.

…  ni faire parler les enfants normalement.

Utiliser tous les temps, toutes les structures de phrases peu importe leur complexité et la faire produire aux enfants peu importe leur niveau, dès le départ, c’est les noyer.

Le résultat d’années d’enseignements du français dans des écoles où on noie les enfants (c’est une image…., on le les noie pas vraiment, hein!) : les enfants disent: je dormir, je suis dormir, je suis dors, je dors, j’ai dors, j’ai dormir, je veux dors, je veux dormir. En utilise un au pif, puis changent jusqu’à ce que le visage du prof s’illumine et qu’ils en déduisent que c’était cette phrase la bonne.

Personnellement, je crois en un niveau de langue adapté : juste au dessus du niveau actuel de l’élève (la zone proximale de développement: là où on veut emmener l’apprenant).

Je crois qu’il ne faut corriger que ce qu’il peut comprendre. Si mes élèves sont en train d’acquérir le verbe aller, au présent, avec les prépositions à / chez je vais me concentrer la dessus et tant pis s’il dit: Hier, je vais chez mon grand-mère avec mon maman. Il a utilisé la bonne conjugaison, la bonne préposition. il est important de lui dire qu’il a ici une clé. Je corrigerai les adjectifs possessifs quand après quelques phrases je verrai qu’il a acquis le premier objectif et que je peux corriger ceci sans lui faire croire qu’il n’a rien compris. Et bien sûr plus tard, il apprendra le passé composé et son utilisation bien plus tard, quand le présent sera acquis.

Toutes ces notions de progression, pré-requis, niveau de langue….. qui vont de soi pour ceux qui enseignent aux adultes ne sont pas si évidentes pour nous, profs auprès d’enfants parce qu’on vit dans le mythe qu’il peut encore acquérir la langue naturellement (ce que je ne crois pas), qu’il va en trouver les clés tout seul (ça ne marche qu’en immersion et/ou pour les très bons élèves) et que la grammaire c’est tabou qu’on en viendra tous à bout……! Résultat on ne donne pas toujours à nos élèves les clés pour entrer en douceur mais sereinement, par étape dans le français.

Évidemment! Il y a une différence entre, pour moi, décider qu’il faut faire de la grammaire en primaire et retourner à des méthodes d’enseignement très scolaires (et ennuyeuses) .  Ainsi j’utilise des jeux, des activités, des petits rituels (pour conjuguer être et avoir ou d’autres verbes en début de cours pendant 2 minutes….), des affichages dans la classe, parfois créés avec les élèves, et évidemment des exercices. Quand je me rends compte qu’il y a une partie de la classe qui malgré tout n’a toujours pas acquis telle notion je prends ces élèves à part pour la retravailler plus spécifiquement.

Je suis intéressée par votre avis et vos pratiques de classe sur cette question donc n’hésitez pas à m’écrire et parlons grammaire! (youpi 🙂

J’avais déjà présenté ici un livret de travail sur aller à/chez et sur le pluriel. Je vous en propose un autre sur la négation que j’avais préparé pour mes élèves de l’année dernière. Cette petite réflexion personnelle sur la question, c’était l’occasion de le partager avec ceux que ça intéresse 🙂

la négation_01

A télécharger en PDF ici la négation

 

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